LE SEGUR DE LA SANTÉ

Jean-Loup Durrousset, Président du groupe Noalys, se confie sur le Ségur de la santé.

Quelle est votre réaction après le Ségur de la santé ?

Privé et public travaillent main dans la main et sont reconnus de la même manière. C’est une avancée considérable. Avant, le statut primait sur la mission, désormais la mission prime sur le statut.
Il fallait procéder à une meilleure valorisation du service rendu, et en cela le Ségur de la santé est une bonne chose.
Mais cela ne suffit pas à résoudre la crise de l’hôpital.
J’ai le sentiment que le gouvernement tente d’éteindre le feu avec une lance à incendie, alors qu’il faut d’abord couper le gaz.
Le problème n’est pas lié aux rémunérations, mais aux effectifs. On manque terriblement de généralistes, de spécialistes, d’infirmier(e)(s). Il faut faire une gestion prévisionnelle de l’emploi, réunir tous les acteurs (industries y compris) région par région et évaluer les besoins. En France, on ne recrute pas un médecin, un médecin est affecté quelque part. Résultat, dans certaines régions, il est impossible de trouver des orthopédistes ou des gériatres…
Cela suppose qu’en amont, on réforme les études médicales. Il ne faudrait plus parler de CHU, mais d’UCH. Le Centre Hospitalier Universitaire devrait devenir l’Université Centre Hospitalier.

En France, le centre hospitalier construit l’université en fonction de ses besoins. En Allemagne, c’est d’abord l’université, ensuite l’hôpital : les étudiants sont formés, puis recrutés par un chef de service.

En France, dès l’externat, les étudiants sont des ouvriers de l’hôpital public. L’université doit primer et l’hôpital rester un lieu de stage.