Les sages-femmes de la maternité NATECIA RILLIEUX

Attendent depuis trop longtemps que leurs revendications soient entendues, et commencent à avoir du mal à rester SAGES, dans l’intérêt de leurs patientes et leurs nouveau-nés.
 
Monsieur le Maire,
Après avoir été convié au lancement du Ségur de la Santé, notre syndicat professionnel majoritaire représentant les sages-femmes de toute activité, l’ONSSF, s’est vu exclu des négociations malgré ses demandes auprès du Ministère des Solidarités et de la Santé, tout comme toutes les instances représentant les sages-femmes.
 
La périnatalité n’était absolument pas représentée.
 
Pourquoi? Car les sages-femmes souffrent de leur statut à l’hôpital : profession médicale selon le Code de la Santé Publique et devant les tribunaux, au même titre que les médecins et les dentistes; mais administrativement assimilé.e.s aux professionnels non-médicaux au sein des hôpitaux à cause d’un statut hybride accouché difficilement après le fort mouvement de grève de la profession en 2013.
 
Lors du Ségur, cela a eu pour conséquence l’obligation pour les sages-femmes de voir les négociations menées par les centrales syndicales qui connaissent très mal nos spécificités.
 
Aujourd’hui, les sages-femmes hospitalières se voient “gratifié.e.s” d’une augmentation équivalente à celle des secrétaires médicales, après 5 ans d’études, malgré leurs multiples compétences en obstétrique, gynécologie, orthogénie, pédiatrie, des responsabilités médicales de haut niveau. C’est indécent et inacceptable.
 
De plus, notre profession est en permanence oubliée dans les textes de loi et sa place dans les parcours de santé des femmes est systématiquement minimisée voir occultée.
 
Parmi les derniers exemples, durant la crise du Covid-19, en ce qui concerne la gestion des masques, les sages-femmes libérales ont d’abord été oubliées des décrets attribuant des masques aux professionnels de santé, puis ont eu seulement 6 masques par semaine pendant près d’un mois, délai qu’il a fallu au ministère de la santé pour corriger cette incohérence et octroyer 18 masques comme pour les médecins et infirmiers libéraux.
 
Pourtant les sages-femmes sont restées mobilisées sur le terrain, à l’hôpital comme en ville, l’activité d’obstétrique ne pouvant être déprogrammée contrairement à de nombreuses autres spécialités.
Plus récemment, et vous le savez très bien, les sages-femmes sont évoquées pour pallier l’insuffisance de médecins acceptant de pratiquer des actes chirurgicaux en orthogénie.
 
Les sages-femmes sont médicales quand cela arrange et dénigrées quand il s’agit de reconnaître statutairement et financièrement leurs compétences.
 
Nous réclamons d’être reconnu.e.s comme praticien de premier recours dans la périnatalité et la santé génésique des femmes et d’être intégré.e.s dans le parcours de soin des femmes de façon visible et directe. D’ailleurs, la Cour des Comptes préconise depuis plusieurs années «l’utilisation optimale des compétences» des sages-femmes, avec pour objectif une meilleure efficience du système de soin.
 
A l’hôpital, nous revendiquons un statut à la hauteur de notre profession médicale, semblable à celui des médecins et des dentistes.
 
Nous souhaitons également une remise à plat des décrets de périnatalité régissant les effectifs présents dans les maternités.
 
Les décrets en vigueur actuellement datent de 1998 et ne sont plus du tout en adéquation avec l’augmentation du nombre de naissances.
 
A ce jour, la situation dans les maternités est catastrophique, en témoignent les indicateurs de santé périnatale médiocres pour la place de notre pays.
 
Les violences obstétricales que dénoncent les femmes ne sont que le résultat des violences institutionnelles faites aux professionnel.le.s de la périnatalité.
 
Les sages-femmes ont demandé à être reçues par Monsieur le Ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran.
 
Nous attendons depuis trop longtemps que nos revendications soient entendues, et commençons à avoir du mal à rester SAGES, dans l’intérêt de nos patient.e.s.
 
Paradoxalement, vous n’êtes pas sans savoir que la profession jouit d’une grande popularité auprès du grand public : pas une naissance ne se fait en France sans les sages-femmes.
 
Laisser cette situation sans réponse, c’est mettre en danger les femmes et leurs enfants.
 
Nous sommes à votre disposition si vous souhaitez échanger sur notre problématique et, à défaut, j’en appelle à votre responsabilité d’élu dans cette situation critique pour faire entendre raison à Monsieur le Ministre des Solidarités et de la Santé.
 
Veuillez recevoir, Monsieur le Maire, l’expression de ma considération distinguée.
 
L’équipe de la maternité de Natecia Lyon Nord – Rillieux